Covid-19 et vaccination: paradoxe

Vous avez peur de la Covid-19: protégez-vous, vaccinez-vous! Oui mais… 

La pandémie de Covid-19 a entraîné une peur prégnante de la maladie (et masquée derrière elle de la mort) chez beaucoup d’entre nous.
Comme le dit Jean-Pierre Le Goff (1):  » La pandémie a introduit l’angoisse de la maladie et de la mort dans la population. Elle a fait apparaître au XXIè siècle la fragilité de la vie individuelle autant que collective et notre relative impuissance face à un virus jusqu’alors inconnu. Elle a été et reste fortement anxiogène, sans pour autant être aussi meurtrière que d’autres dans le passé qui n’ont pas entraîné le même type de réactions. Une telle différence renvoie à un changement anthropologique dans l’abord du tragique et de la finitude de notre condition. Les progrès scientifiques, l’hygiène et la médecine ont permis « un recul de la mort » concomitant de la progression de l’espérance de vie. Depuis un demi-siècle, l’importance prise par la culture adolescente, la fête, la consommation et les loisirs ont évacué la souffrance et la mort de notre horizon, avant que le terrorisme islamique vienne nous frapper. D’une toute autre manière, la pandémie a produit des effets de peur avec un sentiment d’incompréhension et d’impuissance face à un tel évènement.  » 

Certains bien sûr considèrent le sentiment de peur face à la Covid-19 comme excessif et tentent de ramener, à coup de chiffres, le danger à une plus juste mesure.
Par ailleurs, la force délétère de la pandémie est aussi fortement liée aux mesures de confinement, qui y ont ajouté une mise à mal des contacts sociaux, un sentiment de solitude et des dégâts socio-économiques grandissant. Au fil des mois, les plaintes d’insomnie, d’angoisse, de mal-être, les dépressions ont fortement augmenté.

Déni et perceptions selon les générations

Certaines réactions très vives aux mesures sanitaires peuvent sans doute s’expliquer par le caractère insupportable de l’irruption de la mort dans le quotidien et, pour certains, un déni réactionnel. 
 » Oser parler de la mort, l’admettre ainsi dans les rapports sociaux, ce n’est plus comme autrefois demeurer dans le quotidien, c’est provoquer une situation exceptionnelle, exorbitante et toujours dramatique. La mort était autrefois une figure familière, et les moralistes devaient la rendre hideuse pour faire peur. Aujourd’hui, il suffit de seulement la nommer pour provoquer une tension émotive incompatible avec la régularité de la vie quotidienne.  » (2)

Un autre phénomène peut être mis en évidence: la perception de la vulnérabilité est – assez logiquement – bien différente selon l’âge. 
 » D’un côté, comme l’écrit justement le sociologue Paul Yonnet, des individus vivent dans un sentiment d’immortalité et un ‘univers mental d’omnipotence’. De l’autre, ceux qui se trouvent confrontés au sentiment de vulnérabilité de la vieillesse vivent avec cet ‘arrière-fond omniprésent, quand prendre des nouvelles de la santé de son interlocuteur n’est plus une simple politesse et que les rangs s’ajourent’. Cette différence dans l’appréhension de la condition humaine entre les ‘immortels’ et les autres coexiste au sein d’une société qui valorise la jeunesse et la performance. (…) Les ‘immortels’ et les autres n’ont pas appréhendé la pandémie de la même façon. La ‘génération inoxydable’ aujourd’hui vieillissante des soixante-huitards n’a pas été épargnée, alors que les jeunes générations moins touchées par le virus ont pu considérer que cette pandémie était avant tout ’une affaire de vieux’.  » (3)

Paradoxes et aveuglement

Pour nous résumer, cette pandémie a remis la peur de la maladie et de la mort au premier plan de des préoccupations; elle entraîne aussi des dégâts socio-économiques considérables, des dégâts collatéraux considérables sur le plan de la santé mentale et physique (négligence et report de soins), des mesures liberticides très inquiétantes liées aux mesures de confinement, etc.
On pourrait donc penser que tous, nous choisirions sans hésiter la première solution de sortie de crise. La vaccination généralisée de la population apparaît à l’évidence comme cette porte de sortie rapide à la situation.
Et bien non.
Efficace, sûre, la vaccination est l’objet d’une désinformation stupéfiante. La toute récente saga liée au vaccin contre la Covid-19 d’Astra-Zénéca illustre l’aveuglement de nombreuses personnes face à la réalité des faits. Ainsi, certains pays ont suspendu la vaccination, des personnes ont annulé leur rendez-vous pour être vacciné sur base des chiffres qui suivent: ce vaccin pourrait (soulignons le conditionnel, aucune preuve de relation causale n’est actuellement disponible) entraîner environ 7 cas de phénomènes thrombotiques sur un million de personnes vaccinées. 
Et alors? Parmi une population de personnes de plus de 65 ans contaminées par le virus de la Covid-19, plus de 30.000 sur un million décèderont. Cherchez l’erreur de perception et de raisonnement… 

(1) Jean-Pierre Le Goff. « La Société malade ». Les essais. Stock. 2021
(2) Philippe Ariès. Essais sur l’histoire de la mort en Occident. Du Moyen-Âge à nos jours. Seuil. 1975. Cité par Jean-Pierre Le Goff. « La Société malade ». Les essais. Stock. 2021
(3) Ibid 1

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