Obligation? Solidarité plutôt…

Les débats sur l’obligation vaccinale vont bon train. Le Parlement en débat. Nous évoquerons ici une conséquence potentielle d’une obligation vaccinale: l’accroissement des inégalités sociales.

Plusieurs instances officielles, telles le Comité consultatif de bioéthique de Belgique (plus d’informations) et l’Institut Fédéral pour la protection et la promotion des Droits Humains (IFDH) (plus d’informations) ont déjà remis des avis très détaillés sur cette question.

Solidarité dites-vous?

Une justification de l’obligation vaccinale est indéniablement une solidarité sociétale: moins de contamination des autres (mais pas disparition totale de la contagiosité chez les vaccinés), meilleure protection des personnes les plus vulnérables à l’infection, moins de recours au système de soins (et donc moindre coût sociétal), moins de désorganisation de la vie sociale – éducation, culture, loisirs, etc) et économique.

Cependant, justifier une obligation vaccinale vis-à-vis de la COVID-19 par la solidarité peut éveiller certaines craintes de glissement vers d’autres problématiques de santé: voilà qui invite à la réflexion…
Par exemple, serait-il légitime d’étendre le champ des obligations à l’interdiction totale du tabac, de l’alcool, de la sédentarité par exemple? Voilà toutes des habitudes de vie qui accroissent la probabilité de rencontrer des problèmes de santé (cancer, affections cardiovasculaires, troubles de la santé mentale, etc) et donc les coûts sociétaux pour le système de santé. En outre, fumer en présence d’autres personnes accroit leurs risques d’affections cancéreuses, pulmonaires et cardiovasculaires.

Il est bien établi que ces comportements sont liés à un ensemble de causes, individuelles certes, mais surtout liées à l’environnement (conditions socio-économiques, emploi, habitat, études, etc).
La solidarité ne consiste-t-elle pas dès lors à accepter les différences de comportement et donc à prendre collectivement en charge les conséquences de ces habitudes de vie? Outre bien sûr la mise en place d’approches de prévention et promotion de la santé visant à réduire leurs impacts, pour les individus et la collectivité.

Des inégalités supplémentaires?

L’obligation vaccinale pourrait entraîner un accroissement des inégalités de santé. En effet, qui dit obligations dit sanctions pour ceux qui ne se soumettent pas à la Loi.
Des sanctions économiques, comme des amendes, pourraient constituer des pénalités lourdes pour les moins nantis, et à l’inverse une échappatoire facile pour les plus nantis pour lesquels quelques centaines d’euros ne représentent pas grand chose. Un permis de non vaccination en quelque sorte…
Par ailleurs, le comportement individuel n’est pas l’unique déterminant de l’acte de vaccination. Des déterminants culturels, éducationnels, socio-économiques interviennent aussi dans la prise (ou non prise) de décision. Faut-il une fois encore faire porter la responsabilité au seul individu?

Certains ont évoqué l’option de non remboursement des soins qui seraient nécessaires à une personne non vaccinée ayant contracté la COVID-19. Il s’agirait là d’un précédent extrêmement dangereux: imposera-t-on demain la même sanction aux fumeurs, aux trop sédentaires, aux consommateurs d’alcool (quelle dose déclencherait le couperet?), aux individus à partenaires sexuels multiples, aux conducteurs imprudents? Il est évident que cette éventualité n’est pas envisageable dans notre type de société basée sur la mise en place par l’Etat d’un système de sécurité sociale.

COVID Safe Ticket (CST)

Certaines personnes s’insurgent contre l’utilisation d’un CST (ou autre appellation) pour avoir accès à certains lieux de vie « non essentiels ». Il y a bien sûr matière à discussion, notamment sur les modalités, les moments épidémiologiques où cette mesure est (ou non) efficace, etc. Mais l’argument de la perte de liberté semble peu recevable, dans la mesure où l’intérêt général de la démarche est démontré dans des circonstances épidémiologiques précises et définies scientifiquement. Ici aussi, on peut faire référence à d’autres mesures d’interdiction prises dans l’intérêt de la santé publique: l’interdiction de fumer dans de nombreux espaces de vie n’a pas soulevé autant de débats…

Que faire dès lors?

Il est évident qu’une couverture vaccinale aussi large que possible est de nature à favoriser tant la reprise d’une vie sociale et économique normale que la diminution des risques de santé (infections, mais surtout hospitalisations et décès) dans la population. Si l’obligation vaccinale n’apparaît pas comme une alternative évidente, comment convaincre les personnes hésitantes ou réticentes à se faire vacciner, que la vaccination est, dans le contexte pandémique, le geste solidaire à poser?

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