« Qu’est-ce que philosopher, et ce de la façon la plus générale, si ce n’est ouvrir un écart dans la pensée ? » (François Jullien, 2007).
En quête de vérité
Pour le Petit Larousse, la vérité est le « caractère de ce qui est vrai; adéquation entre la réalité et l’homme qui la pense ».
En ces temps, plus que jamais serait-on tenté de dire, n’avons-nous pas été soumis aux remous de la recherche de vérité?
A la suite d’Aristote, nous avons pourtant appris que « plusieurs raisons nous prouvent que toutes les apparences ne sont pas vraies ». Nous avons tous expérimenté, même si nous l’oublions rapidement, que nos sensations sont différentes ou plutôt comme dirait le philosophe, nos sens ne nous trompent pas mais c’est l’interprétation de notre sensation qui est différente, voire fautive aux yeux de l’autre.
… connais-tu cette expérience qui te ferait dire qu’un objet est lourd alors que ton voisin dira qu’il est léger. Qui dit vrai ? Selon toi ?
On enchaîne avec Schopenhauer. « Le monde est ma représentation, dans son rapport avec un être percevant, qui est l’homme lui-même. Aucune vérité n’est donc plus certaine, plus évidente que celle-ci : tout ce qui existe, existe pour la pensée, perception que par rapport à un esprit percevant ».
… une fois ceci lu et compris, que vois-tu comme conséquence dans les échanges avec tes proches et/ou voisins. Peut-on discuter avec les autres en sachant que les vérités énoncées sont nos représentations des objets évoqués.
« Dans la mesure où, face aux autres individus, l’individu veut se conserver, c’est le plus souvent pour la dissimulation qu’il utilise l’intellect », nous apprend Nietzsche. La recherche de la paix avec les autres pour exister socialement… L’être humain chercherait à désigner ce qui doit être considéré comme vérité. C’est-à-dire, « une désignation des choses uniformément valable et obligatoire. A partir de là, le menteur fait usage des désignations valables, les mots, pour faire que l’irréel paraisse réel.
C’est dans un sens aussi restreint que l’homme veut seulement la vérité : il convoite les suites agréables de la vérité, celles qui conservent la vie. Envers la connaissance pure et sans conséquence, il est indifférent; envers les vérités préjudiciables et destructrices il est même hostilement disposé. Quand il y a des poutres sur l’eau, quand passerelles et balustrades franchissent le fleuve, en vérité on ne croit pas ceux qui disent : tout coule… au dessus du fleuve tout est solide… »
En conclusion, en peut dire que les opinions sur la recherche de la Vérité étaient, sont et seront toujours aussi mitigées, certains Hommes préfèrent rester dans l’illusion, dans l’ignorance par crainte, refus de la Vérité ou pour être aussi peut être plus libre (par exemple faire des actes dangereux comme si la mort ne nous concerne pas). D’un autre côté, certains Hommes sont à la recherche de la Vérité à tout prix et passent par tous les moyens pour parvenir à la Vérité ( philosophie, religions, etc…), même les pires (sectes).
… il ne faut pas aller bien loin pour trouver des exemples de cet art de l’oubli, du contournement, du déni, de la dissimulation. Vois-tu de quels sujets on pourrait parler (pense à l’écologie, par exemple) ou d’autres sujets. Quelle est donc cette vérité tant redoutée et /où se niche le mensonge consenti et quelles sont les illusions qui en découlent. Et pour quels objectifs ?
A la suite de William James, ce qu’il « faut entendre par le mot vérité, c’est que nos idées deviennent vraies dans la mesure où elles nous aident à entrer en relation avec d’autres parties de notre expérience, à les simplifier, à nous y mouvoir en tous sens par des concepts permettant de couper au plus court. Dès lors qu’une idée fonctionne de façon à nous donner une parfaite sécurité, cette idée sera vraie, vraie à titre d’instrument ».
Les scientifiques agissent ainsi mais ils savent que cette vérité est temporaire, elle sert de point d’appui pour l’expérimenter.
Quand on s’intéresse aux changements d’opinions chez un individu, on observe le même phénomène. Quand survient un évènement qui met à mal une opinion (et une vérité) déjà bien établie, l’individu cherche d’abord à consolider l’opinion déjà ancrée jusqu’à pouvoir adopter l’idée nouvelle, désormais considérée comme vraie à la place d’une autre vraie.
… peux-tu visualiser un changement d’opinion, cela a probablement été le cas lors de ces 2 dernières années à propos de la Covid 19, du vaccin, du confinement et autres avatars de la pandémie.
Dans le mythe de la caverne , Platon nous précise les 3 efforts à accomplir pour sortir de la caverne : se libérer de ses préjugés( enlever ses chaînes), cheminer laborieusement vers la vérité (sortir de la caverne) et puis enseigner son savoir aux autres détenus.
… quels seraient les préjugés à l’œuvre dans la crise qui nous occupe ? Et les moyens de sortir de la caverne ?
Les normes du vrai : Michel Foucault nous explique que la volonté de vérité voit ses principes changer en fonction des lieux et des époques. Lorsque les principes changent, c’est la vérité qui change…
… quelle vérité peux tu attribuer à tes parents qui n’est plus « vraie » pour toi , comment comprends-tu cette évolution ?
En conclusion, citons Bergson : « Nous inventons la vérité pour utiliser la réalité ». Autrement dit, les vérités seraient des créations pour nous permettre de cheminer dans la compréhension du monde , créations éphémères et fragiles…