Au XIXe siècle Dalberg disait déjà : le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument.
Plusieurs scientifiques, psychologues entre autres, se sont intéressés à la question en menant plusieurs expériences à ce sujet.
Selon le psychologue Keltner nous avons tendance à être inhibés dans les situations d’impuissance, mais à nous concentrer davantage sur le besoin des autres alors que dans les positions d’autorité, nous sommes plus concentrés sur les récompenses et en respectant moins les normes sociales. Les gens en position de pouvoir surestiment leurs capacités, prennent plus de risques, pensent en termes de stéréotypes et ignorent les points de vue différents. Ils paraissent mieux maitriser certaines tâches intellectuelles en ne se perdant pas dans les détails. On retrouve dans cette description des personnages à l’actualité brûlante.
Si d’autres expériences ont mis en évidence que les détenteurs du pouvoir ont un lien avec la théorie dite des niveaux d’abstraction. Le niveau d’abstraction avec les évènements, les objets et les personnes est corrélé avec le niveau de pouvoir. On comprendra facilement que, autre résultat, plus les sujets ont de l’influence, moins leurs décisions seront équitables.
Ces potentats déploient une double morale, c’est-à-dire qu’elles appliquent des critères d’évaluation morale différents à eux et à leurs subordonnés.
Un autre constat intéressant. On a constaté que la recherche effrénée du pouvoir suscitait de la méfiance. Mais c’est encore plus vrai quand il s’agit des femmes. Elles sont davantage sanctionnées que leurs collègues masculins.
Les expériences menés par un psychologue Zimbardo dans une prison irakienne où il a constaté que les gardiens devenaient rapidement des tortionnaires l’ont mené à cette conclusion : « le problème n’est pas dû à des pommes pourries. En fait il est dû à des cageots pourris qui corrompent les individus normaux qui s’y trouvent ».
A partir de là, on peut imaginer plusieurs hypothèses à propos de la naissance de ces prises de position de pouvoir.
On vient de le voir l’environnement joue son rôle, cfr les théories sur la psychologie des foules.
Mais pourquoi cela touche-t-il certains? On pourra toujours relever un apport biologique, la testostérone jouant son rôle dans le renforcement viril dans ces prises de pouvoir. On doit pourtant ne pas oublier le contexte éducatif. On peut observer que les enfants mâles sont poussés par d’autres renforcements éducatifs que leurs sœurs. Et le contexte culturel n’y est pas étranger.
Tous ces facteurs mis en évidence ne pourront pas expliquer définitivement pourquoi certains, plus que d’autres, partent à la conquête du pouvoir. On a pu mettre en évidence des traits de personnalité. Certains de ces traits (comme le narcissisme, la psychopathie et le machiavélisme) forment « la triade sombre ». Ces personnalités seraient plus avides de positions d’influence.
Ces réflexions débouchent sur une remise en question politique: comment mettre en place des conditions de pouvoir qui ne laminent pas les autres. C’est le souhait d’une société démocratique. On voit bien actuellement combien cette entreprise est fragile.
(lu dans Cerveau et psychologie 147)