On nous en a parlé des prouesses et promesses de l’intelligence artificielle. En fait c’est plutôt les prouesses de la puissance de calcul des ordinateurs qu’il faudrait vanter. Et aussi s’inquiéter de la capacité démentielle des serveurs ,…et aussi de leur consommation électrique.
En réalité Chatgpt ne fait que copier le schéma du philosophe John Searle. Celui-ci à travers une expérience, nommée la chambre chinoise, a voulu démontrer qu’une machine ne peut pas dépasser les capacités de compréhension de l’être humain. Une personne, qui ne parle pas chinois, est cachée dans une chambre. Elle reçoit des questions, écrites et formulées par un chinois…en chinois.
La personne enfermée, à l’aide de manuels divers, rédige une réponse écrite, qui, selon l’auteur de l’expérience, serait conforme à la réponse que livrerait un chinois « authentique ».
Cela remet en question la notion de compréhension. En effet le sujet caché ne « comprend » ni ce qu’on lui demande ni ce qu’il répond.
Les notions actuelles relatives à la compréhension du langage par le cerveau nous éclairent à ce sujet. Pour comprendre il faut associer un concept à une expérience motrice.
Soit clamer Eureka en sautant hors du bain pour Archimède. La compréhension est incarnée.
Les expériences qui mettent ceci en évidence montrent que les cortex sensoriel et moteur sont impliqués dans le phénomène de compréhension. On vit la compréhension.
Mais il est possible évidemment de mettre le corps au repos ou de le cacher dans une chambre forte. Un peu comme lorsqu’on lit rapidement à la manière d’une machine. Je restitue comme un perroquet ou j’ai bien tout retenu mais je n’y ai rien compris.
Chacun a pu faire l’expérience de ce type de lecture accompagnée ou non par un processus de compréhension vécue.
Le plus étonnant, peut être, c’est l’enthousiasme suscité par la démonstration de ce fameux Chatgpt ( ou d’autres). Il ne fait que rassembler des tonnes d’informations et leur donne une certaine cohérence (selon un cadre imaginé par d’autres). On peut comprendre l’enthousiasme si « on se met dans la peau » d’un étudiant par exemple, qui voit là une belle ressource pour se reposer.
Le corps n’a pas dit son dernier mot et nous avec lui…
Cfr Yes j’ai compris. JP Lachaux dans Cerveau et psycho 153 03/23