Questions philosophiques en rapport à chatgpt

« En dépit de la puissance d’apprentissage et de calcul phénoménal qui est la sienne, l’intelligence artificielle se contente de décrire et/ou de prédire à partir d’un nombre potentiellement infini de données, là où l’intelligence humaine est capable, avec un nombre fini de données, d’expliquer et de réguler, c’est-à-dire de délimiter le possible et l’impossible. Notre intelligence ne se contente pas définir ce qui est ou ce qui pourrait être ; elle cherche à établir ce qui doit être. »( M.Legros Philosophie magazine 03/2023)

En testant à plusieurs reprises chatgpt on comprend rapidement qu’il a réponse à tout, comme un élève brillant qu’il est en développant même , comme il se doit, d’exemplaires démonstrations argumentaires. Mais comme on a comme l’impression de se trouver d en face du premier de la classe. Quelle classe me direz-vous. Bonne question. Celle qui semble apte à énoncer le discours politiquement correct, sécurisant  , sans vague. Se rassure-t-il lui-même en nous servant ce discours sans aspérité et sans point de vue personnel. 

Chatgpt ne prend pas position, il déroule les discours compilés comme un médiateur attitré . Avec un minimum d’attention on arrive à precevoir ou imaginer quel type de position est celle de l’animateur de tels débats. Pas chez chatgpt. Lui il. «  trahit une “indifférence morale”. Et Chomsky de conclure : “ChatGPT fait preuve de quelque chose comme la banalité du mal : plagiat, apathie, évitement […]Ce système offre une défense du type ‘je ne fais que suivre les ordres’ en rejetant la responsabilité sur ses créateurs.”  Une intelligence servile et sans pensée, c’est en effet une bonne définition de la banalité du mal. Et de l’intelligence artificielle ? »( cfr M.Legros Philosophie magazine 03/2023)

Autrement dit pour que chatgpt soit plus satisfaisant moralement et même techniquement ( cad qu’il développe plus de créativité) il serait bon que ses concepteurs entendent ces points de vue et les intègrent un tant soit peu. 

Est-ce possible que cette machine , fondée sur des calculs statistiques réalisés sur des quantités massives de données, puisse prendre en compte les modalités des communications humaines. 

Une conversation humaine ne suppose évidemment pas de telles capacités de calcul automatisé : les individus humains ne s’adressent pas les uns aux autres en calculant les formules les plus probables, ils interprètent les questions posées en fonction des contextes et des situations, et répondent de manière toujours singulière en fonction de leurs expériences et de leurs attentes (à part dans les cas où ils se contentent de bavarder en accumulant des clichés). ( Anne Alombert Conseil numérique de France maître de conférences à Paris 8)06/04/2023

De plus , à l’occasion des remous provoqués par l’apparition de cet outil, on en oublie de rappeler que l’intelligence ne résume pas à la mémorisation et à la régurgitation de milliards de connaissances. On le dit déjà à l’école, enfin certains du moins. On en appelle à nous montrer quel est l’esprit qui nous débite de tels discours. De même qu’en face d’un interlocuteur qui nous assomme de ses connaissances, on a envie de lui demander « mais qui es-tu, que cherches-tu … »

Mais aussi in fine ces technologies soulèvent des questions politiques 

Ainsi que le précise Anne Alombert : si l’invention du web visait le partage des savoirs et la confrontation de points de vues diversifiés, ce sont l’hégémonie du calcul et l’automatisation des facultés d’expression qui semblent aujourd’hui s’affirmer à travers les innovations issues de la Silicon Valley. Au-delà des utilisations personnelles ou du mythe de l’intelligence artificielle, les mutations technologiques actuelles engagent à dépasser les conceptions traditionnelles ou transhumanistes de la technique afin de s’interroger sur l’avenir de nos civilisations numériques.

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