Il est intéressant, et on ne plus étonnant, de se rappeler ce qui se disait et s’échangeait il y a seulement quelques mois.
Prise de conscience des valeurs comme l’autonomie, la solidarité, le rapport au travail. A une échelle collective, remise en cause des moyens de transport, relocalisation des activités industrielles, et surtout un sérieux rappel des questions environnementales débattues pourtant depuis des années.
« Mais globalement ces premiers mois de confinement ne dessinent pas la victoire de l’immaturité, mais plutôt l’envie d’être résilients, d’apprendre, d’innover, de profiter de cette chance pour respecter autrui et les valeurs de responsabilité commune. Toute la question maintenant, est celle la durabilité de la prise de conscience et de la volonté de faire autrement. » (1)
A la lecture des articles publiés précédemment sur ce blog, qui parlaient de la fiction et de sa place dans l’élaboration individuelle et collective, on comprend le rôle que ces nouvelles fictions collectives ont joué.
Mais il semble qu’elles n’ont pas résisté à d’autres phénomènes.
Les spécialistes en psychologie cognitive et les coachs ont leur avis à ce sujet. Pour eux il s’agit de question de motivation – on parle ici d’autodétermination, de compétence et de soutien collectif.
Mais peut-être peut-on faire le lien avec une autre crise qui devrait nous occuper ( la crise environnementale). Et s’apercevoir que là-aussi les bonnes résolutions ne s’élaborent pas ou ont peu d’impact.
Plusieurs biais cognitifs ont leur place dans cette explication.
Kahneman et Tversky, qui ont popularisé cette notion en économie, définissent ces biais comme ce qui éloigne de façon systématique les individus des choix optimaux, en repensant la théorie néoclassique des choix rationnels dans une situation d’incertitude.
Plusieurs biais rentrent en ligne de compte : le biais de défiance, le biais de supériorité, le biais de statu quo.
En fait tous ces biais sont le résultat de la rencontre des informations et du choc induit dans nos prises de conscience individuelles et collectives. Je veux bien penser à changer de vie, mais qu’est ce que cela induit pour moi en termes concrets. Beaucoup penseront en termes économiques mais aussi éthiques et surtout attendront que les autres s’y mettent et particulièrement que les politiques lancent le départ.
Les nouvelles fictions collectives ont du plomb dans l’aile…
(1) C. Fleury. Tracts de crise Gallimard.